Andrea Riccardi évoque le risque des armes atomiques dans Famiglia Cristiana

« Les armes nucléaires font de nouveau peur

Les détenteurs d’armes nucléaires se sont multipliés après la fin de la guerre froide. Et, avec eux, les dangers. Nous l’avons vu la semaine passée avec l’épisode du drone américain abattu par les Iraniens dans le Golfe d’Oman (dans les eaux territoriales iraniennes selon Téhéran, ce que les Américains contestent). Derrière l’affrontement, il y a la question nucléaire iranienne, sur laquelle un accord avait été trouvé en 2015.

Mais les États-Unis de Trump sont sortis de cet accord et depuis la tension s’est exacerbée. Dans une tout autre région du monde, la Corée du Nord, la visite du président chinois Xi Jingping est également liée à l’arme nucléaire, celle qui est entre les mains du dictateur nordcoréen Kim Jong-un. Après l’échec des rencontres entre Nord-Coréens et Américains, la Chine tente actuellement une médiation diplomatique sur le nucléaire que le régime considère comme une garantie sur la scène internationale, mais qui est inacceptable pour les États-Unis. Sans doute le président Xi Jingping se présentera-t-il avec une proposition lors de la prochaine rencontre avec Trump.

Quoi qu’il en soit le nucléaire iranien et le nucléaire nord-coréen sont à l’ordre du jour. La paix est menacée. Nous l’avons vu ces derniers jours, avec l’abattage du drone américain par les Iraniens. Le président Trump a fait savoir qu’une série de représailles avait été organisée par les États-Unis contre les Iraniens et que lui-même, au dernier moment, l’avait stoppée, considérant qu’elle était disproportionnée par rapport au dommage subi.

En fait, le drone tombé n’avait aucun homme à bord tandis que l’attaque américaine aurait tué quelque 150 iraniens. Du reste l’Iran avait des moyens de rétorsion en cas d’attaque, tant en frappant les Américains présents dans la région qu’en bloquant le détroit d’Ormuz. Imaginer les conséquences d’une attaque américaine et d’une riposte iranienne ouvrirait un scénario de guerre dans un Moyen-Orient déjà excessivement blessé par les conflits.

Toutefois la question n’est pas close : Trump considère que l’option militaire contre l’Iran, en rétorsion possible à l’attaque contre le drone, outre de nouvelles sanctions économiques, n’est pas encore abandonnée. D’autre part, il propose à l’Iran de renoncer à la possibilité de produire du nucléaire (considérant les accords obtenus comme inadéquats) et offre des
contributions substantielles pour relancer l’économie du pays.

L’épisode d’il y a quelques jours révèle combien la conflictualité persistante entre de trop nombreux États constitue un terrain dangereux qui risque de produire des affrontements et d’être à l’origine de nouvelles guerres. Il y a besoin de relations moins conflictuelles pour former un cadre où placer la possession d’armes nucléaires (en élargissant en quelque sorte le Traité de non-prolifération nucléaire qui réunit uniquement les cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU). Le monde risque de devenir une « poudrière » quand trop de tensions restent ouvertes. Le hasard, l’erreur ou l’imprudence pourraient la mettre à feu. »


Éditorial de Andrea Riccardi paru dans « Famiglia Cristiana » le 30 juin 2019